Concours Complet d'Equitation - CCE

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mai
17

La leçon d’équitation

written by Christophe

Un rêve, un plaisir auquel j’aspirais depuis longtemps. Ce rêve avait été éveillé par cette lithographie anglaise qui était posée au milieu de tant d’autres peintures et dessins  équestres ou de chasse, dans la maison de mes parents.

En effet, cette gravure reprenait, en dégageant une impression de réalisme étonnant, un gentleman, anglais à cheval, son épouse très élégante montant en amazone un petit cheval proche du sang et ce petit garçon en compagnie de son double poney, parfaitement toiletté, sautant pour la première fois ce petit ruisseau encore infranchissable hier. Il est bien sur aidé par les éminents conseils de son père, par le regard aimant de sa mère et par les aboiements enthousiastes du petit fox terrier de la maison.

La leçon d’équitation

Un tel tableau m’inspirait depuis plusieurs années un sentiment étrange. Je me représentais ce moment figé sur une toile, mais tellement vivant dans son expression, comme un moment auquel j’aspirais. Je me le représentais comme l’ultime satisfaction d’un père vivant le culte quotidien de l’équitation et souhaitant par dessus tout partager cette passion avec les êtres qui lui sont le plus chers.

Ce samedi, en début d’après midi, il ne faisait pas très beau. Arthur venait juste d’avoir 6 ans. Nous avions décidé tout les deux, d’atteler le van, d’embarquer Peter le poney et de nous diriger vers la “Gratade”, lieu où se trouvait provisoirement le box de mon fidèle Gaillard. J’allais pouvoir comme nous l’avions déjà fait, continuer l’apprentissage d’Arthur et de Peter dans ce lieu fermé et sécurisant qu’est la carrière. Dans un premier temps, à la longe, et si tout allait bien nous avions décidé que pour la première fois, j’allais monter en même temps que mon fils, lui sur son poney et moi sur mon cheval.

Une demi heure plus tard, nous faisions du “botte à botte”, enfin pas tout à fait, car il faut dire que Peter doit mesurer 1m15, et encore, en début de ferrure, alors que monsieur Gaillard doit bien toiser ses 1m82. Nous étions deux cavaliers à cheval ce jour là, et “l’autre” était mon petit garçon.

Ce n’est qu’au bout de quelques minutes  qu’Arthur me demandait une chose pour laquelle je n’avais pas de réponse. “Et Papa, si nous allions nous promener en ballade ?”.

Je savais qu’au fond de lui Arthur appréhendait de quitter cette barrière de sécurité qu’est la lisse  entourant la carrière, mais la soif de me faire plaisir et de se dépasser le dominait.

Si j’écoutais la raison première de la sagesse de tout père normalement constitué, je me devais de lui répondre que cela n’était pas possible  en lui expliquant tous les dangers qu’il encourait de partir en promenade à cheval. Il risquait de tomber, de se faire mal, d’avoir peur, son poney risquait de faire toutes les bêtises possibles. En cas de problèmes majeurs, étant sur gaillard, je ne pourrais pas intervenir et lui venir en aide.

Il n’en fut rien, j’écoutais plutôt l’autre raison, celle de voir un petit garçon dépassant ses craintes, fier de montrer à son papa le fruit de son apprentissage.

Nous sommes partis tous les quatre. La première minute fut celle des conseils propres à  la monte en extérieure, garder un contact permanent, les rênes ajustées afin de prévoir tout écart, tout démarrage. Il y eu une petite glissade qui n’a entraîné que des rires. Tout le reste ne fut que de  purs plaisirs et ce sentiment tout au long de notre promenade d’être à l’intérieur d’une de ces lithographies exprimant ce que pouvait me faire ressentir “la leçon du passage du ruisseau”.

Dorénavant lorsque je passe devant cette lithographie ce ne sont plus des frissons de vouloir s’initier à ces moments magiques mais ceux de vouloir les revivre le plus souvent possible. Merci mes enfants pour tous ces instants de partage, si simples et si purs !