Concours Complet d'Equitation - CCE

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mai
14

La Première Fois

written by Christophe

La première fois

Ce jour là, mon père grand chasseur devant l’éternel, devait prendre sa deuxième ou troisième leçon afin de pouvoir appréhender dans un avenir proche la chasse à courre. Chasse pour laquelle monter à cheval est indispensable. J’avais une quinzaine d’années et mon emploi du temps était très partagé entre pêche (nous habitions près d’une rivière très poissonneuse) que je pratiquais fréquemment depuis mon plus jeune âge, le sport (arts martiaux et cyclisme) que j’effectuais au quotidien, le scoutisme (d’Europe, les initiés comprendront pourquoi une telle précision, sans jugement aucun pour « les autres »), les copains, et les filles (plus dans des pensées persistantes que dans des actes persistants). Pour ma part, je n’avais jamais approché un équidé de ma vie et qu’elle fut ma surprise quand mon père me proposa de le suivre POUR VOIR !

Dès que nous sommes arrivés, un vieux monsieur nous annonçait que nous pouvions aller au manège, que le moniteur nous y attendait avec « Gualdo », un cheval gentil, nous dit-il.

En effet, dès que nous sommes rentrés dans le manège, j’ai vu cette superbe créature, d’un mètre soixante quinze avec une croupe charmante, un déplacement des plus félins, une crinière blonde ravissante. Je ne devais pas regarder où il fallait, parce que visiblement cette être envoûtant n’était autre que la monitrice. Elle tenait un longue corde (j’ai appris ce jour là, que cela s’appelait une longe), et au bout de cette corde tournait un cheval. Moi je ne voyais que cette jolie fille, qui me faisait des sourires (certainement parce qu’elle avait la fibre commerciale). Soudain, elle arrêta le fameux « Gualdo » et nous dit : « Alors qui c’est qui commence ? ».

Concours Complet d'Equitation

lLa première fois

D’un air des plus étonné, je me retournais pour vérifier autour de nous, et nous étions seuls. Mon père, en se dirigeant d’un pas certain, comme si l’équitation n’avait plus de secret pour lui, expliqua à cette jeune femme que seul lui venait prendre un cours. Je ne fus rassuré que pour quelques secondes, jusqu’à ce que cette monitrice , nous propose avec insistance que j’essaye de monter, si cela me faisait plaisir ! Ne voulant pas me minimiser, j’acceptais en essayant de cacher l’angoisse qu’elle venait de me faire naître. Mon père commença donc en montant « Gualdo ». Il fit du pas, puis du trop, d’ailleurs sans aucun problème apparent. Cela dura quelques minutes pendant lesquelles j’imaginais toutes les excuses qui allaient pouvoir me permettre d’échapper à, non pas la blonde nymphe de tout à l’heure, mais à la dangereuse psychopathe, qui souhaitait sûrement régler quelques comptes avec la jante masculine. Quoi lui donner comme motif échappatoire ?

Soudain, après avoir demandé à mon père s’il voulait faire du galop, chose à laquelle il a esquivé par un habile prétexte « bidon », elle me proposa de le remplacer. Je n’avais toujours pas trouvé l’EXCUSE. Et c’est sans aucune autre possibilité que je me dirigeais, vers ces deux bêtes furieuses. Au milieu de ce menaçant chemin, je croisais le regard compatissant de mon père en même temps que j’évitais celui de cette satyre aux yeux bleus pour ne pas lui accorder son plaisir sadique. C’est sans comprendre quoi que ce soit que je me suis retrouvé perché tout la haut, moi qui à plus d’un mètre de hauteur suis pris de vertige. Profitant de l’entraînement sportif que j’avais et dépassant mes peurs, je me retrouvais au pas, puis au trot et enfin, afin de montrer à cette do »monitrice » que j’étais moi aussi un dominateur, j’acceptais avec un flegme à l’anglaise, le galop que mon père lui avait refusé. Ayant eu la chance de vite comprendre le mouvement de reins nécessaire à suivre ce tonneau à bascule, je n’étais pas en perdition, au contraire, je me sentais presque à l’aise. C’est avec fierté que je mis pied à terre, non content d’avoir montré à cette jeune femme que sa fourberie n’avait eu aucun succès. J’ai quand même perçu un sentiment étrange, comme si le fait de monter ce cheval avait quelque chose d’attrayant et de noble.

« Alors, on vous revoit la semaine prochaine ? » me lança-t-elle.
« Avec plaisir », dis-je, pour continuer à marquer ma virilité d’adolescent pubère.

C’est ainsi que j’ai commencé à monter à cheval. Je suis revenu chaque semaine, puis plusieurs fois par semaine. J’ai appris ainsi que monter à cheval n’était pas de tout repos et que cette discipline mélangeait sport, travail, patience, exigence, et même pour certains, l’Art.

Aujourd’hui plus de 30 ans plus tard j’essaye toujours de monter, tous les jours.

Je n’ai vu cette belle jeune femme au cheveux blonds qu’une fois, ce jour là, ce jour de la première fois !